Un voyage au cœur de la mégastructure narrative

Commençons par le titre. « Etemen Ænka » est une référence tirée de la mythologie mésopotamienne (Etemenanki étant le ziggurat probablement associé à la Tour de Babel). Ce n’est pas juste un choix symbolique, c’est une déclaration d’intention. L’album ne se contente pas de livrer des morceaux, il propose une odyssée immersive, où science-fiction et humanité s’entrechoquent. Tous les grands albums de prog se construisent sur des fondations narratives étendues, et ici, Dvne élève cela au rang d’art.

Avec des thèmes dystopiques et poétiques explorant les failles de l’humanité, leurs paroles frappent juste, tandis que leurs compositions musicales traduisent l’épique et l’introspectif à la perfection. L’album te propulse dans un univers semblable à celui d’un auteur comme Frank Herbert (Dune n’est d’ailleurs pas qu’une inspiration sonore pour ce groupe).

Une maîtrise technique éclatante

Il ne suffit pas d’avoir une idée grandiose ; encore faut-il la réaliser. C’est là que Dvne excelle. Leur savoir-faire technique est indéniable, et Etemen Ænka en est la meilleure preuve. Les Écossais ne se contentent pas de jouer ; ils sculptent un paysage sonore.

Les guitares : entre avalanche et poésie

Les riffs sont massifs, flirtant avec le doom et ses murs d’amplification, tout en restant cristallins dans leurs moments plus planants. Des torrents d’effets sur les guitares leur permettent de naviguer entre des plages aériennes et des paroxysmes dévastateurs. Le travail des leads, combiné avec l'harmonie des rythmiques, évoque un croisement entre Mastodon, ISIS et même Opeth époque Blackwater Park.

Une section rythmique à l’épreuve du temps

Les batailles de la double pédale et les cymbales complexes rappellent des moments de Neurosis, mais sans tomber dans la simple imitation. La batterie et la basse ne servent pas uniquement de fondation, elles ajoutent des textures complémentaires qui enrichissent chaque titre. Ce n’est pas juste « jouons fort et espérons que ça sonne bien », chaque note semble calculée au millimètre pour servir l’atmosphère globale.

Les morceaux phares de l’album

Impossible de parler d’« inoubliable » sans plonger dans l’essence même des morceaux de Etemen Ænka. Voici quelques titres à retenir :

  • « Enûma Elis » : Une ouverture cinématographique qui te plonge immédiatement dans le ton de l’album. Les touches de synthé donnent une ambiance interstellaire.
  • « Towers » : Un chef-d'œuvre en évolution constante. Ce morceau d’apparence mastodontique te secoue entre introspection et ravage audacieux. Une leçon de crescendo.
  • « Asphodel » : Le morceau expérimental où l’on frôle même des ambiances chantées plus éthérées. Une bouffée d’air avant de replonger dans la grandeur épique de l’album.
  • « SI-XIV » : Une transition instrumentale atmosphérique qui fait office de calme avant la tempête.

Chaque titre est une brique dans cet édifice sonore monumental. Ensemble, ils constituent une cathédrale d’émotions et d’énergie brute qui marque profondément quiconque se laisse emporter.

Une production magistrale

Un album comme Etemen Ænka ne serait rien sans une production qui sublime chaque nuance, et sur ce terrain, Dvne frappe fort. Derrière les manettes, le groupe a collaboré avec Graeme Young (Boiler Room Studios, Édimbourg), un nom qui ne résonnera peut-être pas comme un Kurt Ballou ou un Alan Douches, mais qui s’inscrit ici avec tout autant de pertinence. L’équilibre entre force brute et clarté est frappant.

L’album brille aussi par l’originalité et la profondeur de son mixage, où chaque détail est audible sans écraser les autres. Les parties vocales alternent entre growls puissants et chants clairs d’une justesse émotionnelle impeccable, capturant à merveille les nuances du disque.

L’héritage de Dvne : pourquoi l’album marquera les années 202X

Dans une époque où le « post-metal progressif » devient parfois un terme galvaudé, trop de groupes se perdent en route, à trop vouloir dessiner des paysages sonores ambitieux sans parvenir à en captiver les auditeurs. Dvne, avec Etemen Ænka, s’écarte totalement de cet écueil. Cet album ne se contente pas d’être bon dans son propre genre : il transcende les attentes en incorporant des influences qui vont bien au-delà. Que tu sois fan de *prog*, de *doom*, ou même curieux de l’interstice entre ces mondes, tu trouveras dans cet album de quoi répondre à tes attentes – et les dépasser.

En définitive, dans une décennie où chaque sortie est engloutie par la surabondance, cet opus a marqué un jalon. On reparlera d’Etemen Ænka dans plusieurs années, non seulement pour ce qu’il a représenté pour Dvne, mais pour ce qu’il a apporté au panorama global du métal en perpétuelle ébullition.

Et toi, prêt à (re)plonger dans cette épopée ?

Etemen Ænka, ce n’est pas juste un album à écouter. C’est une œuvre à laquelle s’abandonner. Si tu ne l’as pas encore fait, sérieusement : qu’est-ce que tu attends ? Les riffs te happent, les ambiances te transportent, et une fois que l’expérience est terminée, tu ne peux qu’appuyer à nouveau sur « play ». Alors, fonce, casque vissé sur les oreilles ou ampli à fond, peu importe.

Parce qu’ici, chez A.C.Y.L, on ne fait pas dans la demi-mesure : on amplifie le chaos et on gueule fort. Et pour Etemen Ænka, c’est un grand OUI. Un album immortel, et si tu n’es pas d’accord, viens le dire... on te conseillera de le réécouter.

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