Le retour fracassant des anciens : des légendes qui s’obstinent

Quand on parle de doom et de sludge, des noms de vétérans surgissent presque immédiatement, et en 2024, certains d’entre eux sont revenus botter des fesses encore une fois.

Crowbar – The Eternal Weight

Oui, encore eux. Parce que Kirk Windstein ne vieillit pas, il s’intensifie. The Eternal Weight, sorti en mars, est exactement ce que tu veux d’un album de Crowbar : des riffs massifs comme des bâtiments en béton armé et un désespoir palpable à chaque note. Mais la véritable surprise ici, c’est l’approche presque atmosphérique de certains morceaux. Des passages acoustiques (oui, acoustiques !) viennent ponctuer les vagues de distorsion, créant un contraste glaçant. Une preuve que même après trois décennies, ces piliers du sludge peuvent encore renouveler la formule. Oui, c'est une claque. Et non, on ne s'en remet pas.

Candlemass – Tragic Aria

Les Suédois enfilent une nouvelle perle sur le collier du doom classique avec Tragic Aria, un album qui sent le royaume des ombres et les catacombes. L’un des moments forts ? La collaboration avec Björn Strid de Soilwork sur le morceau "Funeral Torch", une lente descente dans un chaos orchestré. Candlemass parvient à ancrer sa musique dans un territoire à la fois nostalgique et contemporain. Les amateurs du doom épique en auront pour leur souffrance vitale... et leurs cervicales.

Les nouvelles vagues : Doom moderne et expérimental

Le doom ne serait rien sans ses héritiers qui prennent des risques. En 2024, plusieurs sorties ont montré que le genre pouvait encore évoluer, en incorporant des influences variées.

Bismuth – Caverns of Infinite Grief

Le duo britannique Bismuth a frappé très, très fort cette année avec cet album aux allures de monstre. La basse est omniprésente (leur ADN), la batterie lente comme une coulée de lave, et les vocals éthérés semblent parvenir d’un abîme insondable. Mais ce qu’il faut saluer ici, c’est le travail expérimental sur les textures et une utilisation des silences qui donnent une dimension presque cinématographique à l’album. Attention : Caverns of Infinite Grief, c’est pour ceux qui aiment souffrir dans la lenteur. Viscéral et indispensable.

Body Void – Burning Pilgrimage

Body Void a depuis longtemps mérité sa place sur la scène sludge grâce à leur approche transgressive, et en 2024, leur album Burning Pilgrimage ne déçoit pas. Ce disque sort de l’ordinaire par son engagement politique et social direct dans les textes, tout en plongeant l'auditeur dans des paysages sonores oppressants et impitoyables. C'est abrasif, c'est politique, et ça broie tout sur son passage. Leur son, plus épuré que sur leurs albums précédents, fait ressortir une agressivité brute qui devrait résonner avec beaucoup de fans énervés.

Les outsiders : Des projets méconnus mais essentiels de 2024

Dans l’ombre des mastodontes, plusieurs groupes moins populaires méritent clairement leur place dans cette liste. Ces albums, bien qu'un peu moins sous les projecteurs, ont su imposer leurs ambiances asphyxiantes.

Old Horn Tooth – Under Acid Skies

Hé, si tu veux du sludge crasseux, ce trio britannique sait comment faire. Old Horn Tooth a sorti un album qui sent littéralement les égouts chimiques : Under Acid Skies. C’est sale, c’est lent et incroyablement immersif. Le morceau-phare “Fogbound Eternity” dure près de vingt minutes et me donne encore envie d’allumer une bougie dans le noir juste pour me sentir plus en sécurité. Oui, c’est ce genre de trip.

Fallow Field – Dust Veil

Un groupe encore assez inconnu mais diablement prometteur. Originaire des plaines désolées du Dakota du Sud (sérieusement, qui vient de là-bas ?), Fallow Field propose un doom teinté de post-rock. Dust Veil capture l’immensité de leurs paysages natifs dans une ambiance sonore digne d’une fin du monde lente et méditative. Si tu es fan de Pallbearer ou Spirit Adrift, c’est un must. Et franchement, ils méritent plus de lumière.

La France : Toujours pas morte, la scène hexagonale

Et parce qu'il est hors de question de boucler cet article sans citer les scènes locales, disons-le bien fort : en France aussi, on sait écraser les tympans avec style.

Throane – Liturgie Tellurique

Ce projet solo de Dehn Sora reste fidèle à son esthétique froide, clinique et totalement immersive avec cet album de 2024. Si tu cherches un doom/sludge qui flirte dangereusement avec l’indus et l'ambiant, Liturgie Tellurique, c'est LA réponse made in France. Pesant et hypnotique, cet album est une descente lente mais inévitable dans un gouffre qu’on ne veut plus quitter. Une belle leçon pour le doom moderne.

Eibon – Vast Hollow

Retour fracassant pour ces Parisiens avec un opus à la hauteur de leur réputation. Vast Hollow est un condensé de sludge boueux, d'ambiances suffocantes et d'une aura quasi mystique. La section rythmique frappe plus fort qu’un marteau-pilon, et les guitares tissées d’échos écrasants créent un univers où tout devient oppressant. Écoute ça avec du bon matos, un casque bien fermé, et dis-moi que t'as pas l'impression d'être enterré vivant.

Alors, prêt pour une session de doom/thérapie ?

Que ce soit les dinosaures du genre qui reviennent rabâcher leurs leçons de lourdeur ou les jeunots qui osent bousculer les codes, 2024 a été une année riche et généreuse. Chaque album cité ici offre une approche différente, un trip unique. Et franchement, c’est rare d’avoir une année où autant de poids lourds et d’outsiders se jettent sur nos oreilles comme ça. Maintenant, prends tes enceintes les plus robustes ou ton casque le plus costaud, et plonge-toi dans un océan de lourdeur. Laisse le doom/sludge te happer. T’es prévenu : tu risques de ne pas vouloir remonter.

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